Etude
AS Fine Art, Central Saint Martin’s School of Art and Design, Londres, UK
MA Fine Art, Central Saint Martin’s School of Art and Design, Londres, UK
LC, UCL, Londres, UK
BA, Académie Libanaise des Beaux-Arts, Beyrouth, Liban
Represented by Al Marhoon gallery Algiers
STATEMENT ET BIO
STATEMENT
Auscultant l’Histoire de l’Algérie, ses richesses et ses renoncements, ses illusions, ses drames et aujourd’hui, plus que jamais, ses espoirs, dans des œuvres profondément inspirées par les matériaux et les formes iconographiques liés à la culture algérienne, Sadek Rahim traite de manière sensible et critique des problématiques de la jeunesse algérienne, des relations complexes entre Orient et Occident, du déracinement, du désir d’exil, et de l’illusion de l’eldorado.
Soutenues par une réflexion nourrie des textes de Sayad ou de Bourdieu, ces questions – et en particulier celle de l’immigration clandestine- l’amènent à développer un corpus d’oeuvres multimédias. Peintures, sculptures, installations, dessins, photographies ou vidéos produisent un riche champ lexical et plastique aux multiples entrées. Les éléments formels signifiants ouvrent à une sémantique métaphorique critique, dans un processus de confrontation, entre pesanteur et envol, immobilité et arrachement à la terre, un dialogue permanent dégageant forces et tensions.
Sadek Rahim utilise et se réapproprie des matières et matériaux quotidiens et industriels parmi lesquels le tapis, le béton et les objets manufacturés obsolètes, qu’il transforme, déconstruit ou ré assemble.
Nouvellement venus dans son vocabulaire, les éléments mécaniques – pompes, moteurs…- font écho au regard critique que pose l’artiste sur la politique économique menée en Algérie depuis plusieurs décennies : au travers de ces objets de rebut, symbole pour l’artiste d’une Algérie en panne, l’étendue symptomatique, au propre comme au figuré du « moteur » et de la force motrice est ici convoquée.
Le béton, qu’il s’agisse des cubes de digue portuaire ou du matériau brut, renvoie autant au monde de l’architecture et de la construction, et aux projets urbains en déshérence qui parsèment le paysage algérien, qu’à la notion de force d’inertie à laquelle il s’agit de s’arracher, façonnant l’idée d’un autre monde à édifier.
A l’utilisation récurrente du béton répond celle de l’objet « tapis », dans un processus de confrontation et de dialogue, entre « lester » et « délester », « construire » et « déconstruire ».Elément domestique commun à tous les intérieurs algériens, le tapis cristallise, matérialise, l’idée du départ au travers du mythe de la lévitation qui lui est attaché, le tapis « volant » étant l’objet qui permet, littéralement, de s’arracher à la pesanteur et de voler vers une destination meilleure. Chez Sadek Rahim, l’utilisation du tapis comme moyen plastique récurrent est une manière de « mettre en échec le mythe du tapis volant comme métaphore de l’échec du mythe de l’eldorado ». Evidé, découpé, déconstruit, effilé… l’artiste y fait appel de multiples manières, même les plus inattendues.
Si Sadek Rahim prend des positions affirmées sur la situation économique, culturelle et politique de l’Algérie et de la jeunesse algérienne, son travail, dans ce qu’il interroge et là où il le mène, porte bien une dimension universelle, cherchant ce qui, partout, questionne le « chez soi » et la migration, l’appartenance et l’exil, le domestique et l’ailleurs, l’oppression et la liberté. La mise en relation, la « superposition » des Histoires, de leur universalité et de leurs accointances, la question des « transferts culturels » s’affirment d’ailleurs comme des axes signifiants réguliers chez Sadek Rahim, établissant un continuum des espaces et des temps, montrant comment, d’une partie à l’autre du monde, les soubresauts de l’Histoire, ses errements, et ses erreurs semblent parfois se reproduire comme un continuum de la tragédie. Pour l’artiste, il s’agit alors de pointer les rapports de causalité, la transversalité, les connexions, et les coresponsabilités à l’oeuvre dans l’Histoire, parfois de manière subtile, sous-jacente, symbolique, d’Alger à Saint-Louis du Sénégal, d’Oran à Buenos Aires.
BIO
Sadek Rahim est un artiste pluridisciplinaire, faisant appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à l’installation, la photographie ou la vidéo au gré de ses projets. Dans les années 90, il voyage et vie en Syrie et en Jordanie, avant d’entamer des études à l’école des Beaux-Arts de Beyrouth (Liban), puis à la prestigieuse Saint Martin’s School of Arts and Design à London dont il est diplômé. Il a choisi, depuis 2004, de vivre et travailler en Algérie, tout en développant une carrière internationale. Il expose partout dans le monde, en Algérie ( au MAMA, ZABANA, MAMO), mais aussi aux Emirats Arabes Unis ( Art Dubaï, Fondation Alserkal) , en France (Nuit Blanche à Paris, Musée de Montparnasse, Abbaye de Maubuisson), en Corée (Busan Musée d’Art Contemporain, Séoul), au Canada, en Espagne, en Argentine, en Allemagne, en Grande -Bretagne (Mosaic Rooms, Oxford House, Londres), au Liban, en Slovaquie, en Tunisie, au Maroc, au Sénégal (Biennale de Dakar, Saint-Louis), aux Etats-Unis (Wallach Art Gallery, New-York)…
Très actif dans le paysage culturel algérien, Sadek Rahim est le premier artiste à présenter, en 2012, une exposition personnelle exclusivement de dessin contemporain, à l’Institut Français d’Oran. Il est ensuite à l’initiative, en 2013, du 1er salon du dessin contemporain d’Algérie, à Oran.
A l’été 2019, sous le commissariat de Marie Deparis-Yafil, il signe, avec «Gravity3» la première exposition d’art contemporain monographique d’envergure au Musée d’Art Moderne et Contemporain d’Oran (MAMO) – et dans l’Histoire de l’Algérie- investissant un espace de plus de 3000 m2 d’une trentaine d’oeuvres de tous médias, au cœur du «hirak» (le «mouvement») , qui anime alors le pays: la première exposition de l’ère post-Bouteflika.
Ses oeuvres ont été acquises par de nombreux collectionneurs privés dans le monde ainsi que par la Fondation Zinsou, au Bénin, et le Musée National de Constantine, en Algérie.
Soucieux de développer et de promouvoir les Arts Visuels en Algérie, Sadek Rahim est consultant pour l’art contemporain algérien pour La Société Générale Algérie et membre régulier du Jury du prix Société Générale / Jeune Artiste Peintre. Il est également co-fondateur, et commissaire général de la Biennale Méditerranéenne d’Art Contemporain d’Oran, en collaboration avec l’association Civ-Oeil.
Né en 1971 en Algérie, il vit travaille à Oran.